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Messages - Alexandre Bonnabel

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Coucou les Gens!


Tout d'abord je vous remercie de l'attention que vous pretez à mon texte et à celui des copains (antimedocratie). Et je trouve votre forum vraiment réactif et courtois. C'est une belle initiative citoyenne et un espace de discussion, une forme de collectif. Restreint à ses utilisateurs, mais un collectif qui fait du bien.


Du coup, je me fend de quelques réactions à vos réactions: 

"Indépendamment de ce débat particulier je trouve ça dommage  que ces gens qui s'investissent soient dégoutés ou se sentent obligés de se défendre, je pense que ce n'est pas le but.Bref tout ça pour dire que je m'intéresse au débat, mais ça ne signifie pas que je trouve ça normal de montrer du doigt les élus et le représentants ou de leur faire des reproches".
"Peut être que j'ai mal compris ta position vis-à-vis des élus (auquel cas tu m'excuseras) mais s'il s'agit bien de rancœur que tu as envers eux je ne m'étalerai pas, j'ai assez donné, mais je trouve juste ça bête, gratuit, et irrespectueux envers ceux qui se bougent pour les autres, et franchement les commentaires comme ça et comme j'ai pu en lire d'autres dernièrement ça donne pas envie de "se battre". "

Vous avez éminemment raison. Et si l'on considère que l'activité des élus comme un "travail" alors nous sommes ici face à une situation évidente de Souffrance au Travail (nota: les médecins se suicident plus que les employés de france telecom... qui s'en donne déjà à coeur joie!)
Des élus en situation de souffrance dans leur travail... mais pourquoi?

Il n'y a pas trente six causes à la souffrance au travail. Deux catégories ici me semblent faire sens: la perte du sens de l’activité et surtout l'inadéquation entre les exigences de la taches et les ressources des travailleurs.

Je pense que ce poste d'élu est un piège. On vous met la, vous êtes une petite brochette, plus ou moins soutenus par un syndicat ou pas, et zou! Démerde toi face à l'administration et un système qui se casse la gueule et se radicalise dans sa privatisation.
On te met en face de plusieurs centaines d’étudiants, eux même en souffrance plus ou moins refoulées, et clairement déniées par l'administration qui en est la cause. Et on te dis allez zou! Représente les, recueil leur parole et défend les...

Je ne trouve pas étonnant que vous souffriez! Et c'est dégueulasse ce que cette organisation vous fait.

Il m'a fallut pour ma part plusieurs années de travail de terrain, militant et universitaire, pour arriver à animer correctement un collectif et apprendre à libérer la parole de groupes de 4 à 150 personnes sans les manipuler ou les dominer ou les abrutir!

C'est une honte que votre énergie soit exploitée et gâchée par des organisations de représentation absurdes: corpos, anemf, fages et compagnie sont indignes de vous. Mon propos est que d'autres manières de s'organiser existent et qu'elles réclames des savoirs et compétences qu'il est de notre devoir de faire circuler.

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"Ceux qui bougent au niveau local j'en ai rencontré la plupart, et c'est toujours les mêmes qui reviennent. Ayant fait partie de plusieurs associations je sais de quoi je parle.. "

voui voui... et ce n'est pas un problème! Voici le second texte (sur trois) de mon blog où je parle du pouvoir des minorités:  http://santemobilisation.wordpress.com/ii-et-ensuite/

Ce serait ma réponse...
Et Adeline insiste sur la temporalité longue d'un mouvement social et elle à raison! (Beau mail au passage, dans une autre temporalité aussi  ;D )

"et ce que je constate c'est que lors d'initiatives de communication, d'information ou de débats autour de nos études il n'y a jamais foule."

Alors soit c'est du à ce que je dis sur les minorités dans mon blog, soit c'est un fait plus grave:

Si les gens ne viennent pas... ne serait-ce pas parcequ'ils savent que votre débat n'aura de débat que le nom ou que ce ne sera qu'une occasion de répéter les positions de l'administration des qu'un étudiant se plaindra... ou encore que si par miracle ils arrivent à produire quelque chose ils vous savent trop timorés (ou trop menacés, trop seuls) pour vraiment coller leurs revendication dans la face des administrateurs...????
Mal-organisation des session de travail collectif
Prise de parole des vieux/élus pour répéter la parole du ministère et rappeler l'impossibilité de se bouger
Incapacité des porteurs de parole de porter fermement la parole
Peste, lèpre et choléra...


Je connais un type qui a fait médecine à Grenoble il y a trente ans. Il me raconte que tous les ans ils commençaient l'année par trois semaines de gréve parceque l'administration avait passé des réformes à la con. Ils allaient faire la teuf tt la nuit dans les bureau du doyen... et ils gagnaient systématiquement et voyaient les conneries administratives ou pseudo ministérielle retirées....


Les étudiants vous savent incapables ou réticent à organiser des actions de cette intensité. Pourtant notre système ne manque pas de causes qui justifieraient une forme, douce pour commencer, de rapport de force!

"Si sur un bateau y'en a 10 qui rament dans un sens et que les 90 autres rament dans l'autre sens ça peut pas avancer, faut savoir faire confiance en ceux qu'on a élu sinon c'est même pas la peine d'espérer quoi que ce soit en retour.
Je ne crois pas qu'on se présente pour être "du côté des dirigeants", je n'en vois vraiment pas l'intérêt.
Cela dit ce n'est pas parce qu'on est "dirigeant" qu'on ne veut que le mal pour les autres et qu'on ne fait que des mauvaises choses... *open mind* "

Là on touche au coeur du problème!!!
Si vous êtes 10 à ramer dans un sens contre 90, vous vous dites pas que vous faites fausse route???
Et qui a déterminé le sens dans lequel vous ramez tous les 10? Regardez y de près: ce sont les agendas et ordres du jour des conseils ufr et des réformes, ce sont les deux trois mots d'ordres du national qui passe sont temps dans les ministère...
Si ce sont le dirigeants qui décident de ce dont on va parler, et de ce qui est possible ou pas, et que vous décidez de ramer dans ce sens, pas étonnant que les 90 autres ne vous suivent pas.


Qui parle de la souffrance des externes au travail? ce n'est pas une réalité?... cela devrait occuper des heures et des heures d'UFR et quelque têtes devraient tomber... mais non, on parle PAES, reformes bijoux, fac pilotes et "meilleure" préparation à l'ECN... depuis quand ce sont les principales préoccupations des étudiants qui veulent devenir médecin et ne pas souffrir mais s’épanouir et se cultiver en attendant???

"Ok, appel a l'ensemble des étudiants de Besançon (en médecine ou autre, mais bon sur ce forum ...) : Si vous avez des choses a dire, allez voir la corpo, allez voir vos élus, postez sur boudu.org, comme vous le faites déja j'espère.Si vous avez envie de gueuler contre le système, et de pouvoir discuter de façon intelligente sur des points de démographie médicale, ou d'étude médicale, allez voir votre corpo, vos élus, ou des gens bien renseignés, comme vous le faites déja j'espère."

Et là nous ne sommes pas d'accord du tout!!!
Etudiant, Si tu as un problème: réunis autour de toi tout ceux qui le partagent et qui te sont solidaires, travaillez ensemble votre compréhension et vos revendications et passez à l'action en créant à coté du système ou en rentrant dans le rapport de force...
Vous pouvez discuter intelligemment entre vous. Et les élus peuvent vous donner un coup de pouce et les bon conseils pour taper là ou ça fait mal!


Démocratie directe o/

"Changez tout si vous ne donnez pas votre avis mais souhaitez que les choses changent, mais là c'est pas notre faute, a vous de vous prendre en main."


A vous de vous prendre en main, certes, mais le job des élus est, selon moi, de vous encourager, vous accompagner et vous donner les ressources pour vous libérer et lutter: ils sont là pour faire avec vous plutôt que faire pour vous ou en votre nom!
Mais pour cela il nous faut travailler sur les compétences nécessaires à l'accompagnement de mobilisation sociale et à l’immunité syndicale qui doit l'accompagner... vous voyez ce que je veux dire.


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"C'est un clochard!!!"


" Si vous le souhaitez, j’ai appris d’un soit disant clochard (enfin méfiez vous quand même un peu des apparences) une toute petite animation qui permet de commencer à comprendre ce que l’on ressent lorsque l’on est exclus. C’est très intéressant ! (enfin je trouve)"

;)


A défaut d'aller à la rencontre des clochards; Etudiants en santé, Elus ou pas, allez à la rencontre les uns des autres!


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"oh ben tu sais les formateurs de Medsi c'est un peu ca, enfin c'etait mieux avant quand même"

Je m’aperçois que j'ai crée un flou que j'aimerai dissiper: ce n'est pas un hasard si on trouve de nombreux anciens participants de près ou de loin à la démarche Medsi dans les membres actifs des collectifs de soignants qui se forment actuellement... mais c'est simplement parcequ'à Medsi depuis quelques années nous nous attelons à faire notre éducation populaire et politique et que les gens qui sortent de trois année de boulot dans les assos de solidarité ont pu développer ces compétences de critique et de mobilisation libertaire dont je parle.

Après, je tiens à préciser que je ne publie pas au nom de Medsi mais comme individu libre et que, pour ce que j'en sais, si Medsi sait qu'elle a participé à l'essaimage de ces collectifs, elle n'a pas vocation à faire de la représentation (toujours pas). Nous attendons que ces collectifs se fédèrent s'ils le veulent en des organisations distinctes de Medsi. Medsi se concentre sur l'accompagnement de projets de solidarité locale et internationale.

Flou dissipé j’espère.

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Voili Voilou...
A vous l'antenne! et encore merci pour l’échange. Ça compte beaucoup pour moi ces histoires ;)

La bise.

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NON: Les Etudiants en Santé ne sont pas "frileux"!!!
( Et sinon ils mettent un pull...)
Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai pu entendre cette absurdité: "les étudiants en santé ne se mobilisent pas... ils n'ont pas conscience des enjeux politiques de leurs études... ça ne les intéresse pas... ils sont égoïstes... ils sont découragés...ils sont bourrés..." enfin bref, vous voyez l'idée.
Ce qui est plus triste, c'est que j'ai pu entendre cette phrase dans la bouche de ceux là même dont la tache est d'assister les étudiants dans leur mobilisation, c'est à dire les élus locaux et syndicalistes nationaux.
Et bien je vous dis, moi, que c'est un mensonge.
Un mensonge qui ne sert qu'à couvrir l'incompétence naïve, dans la plupart des cas, ou la coupable complicité, dans certains cas, de ceux qui ne veulent pas voir que les étudiants en Santé sont éminemment forts ET insatisfaits.
Insatisfaits tant de leurs études que du Système de Santé qu'on leur prépare et auquel on ne les prépare pas. Cette insatisfaction les mènera, en certains endroits et sur certains enjeux, jusqu'à la révolte.
Mais pour oser regarder en face la force et l'envie d'engagement de ces étudiants, il faut avoir la sagesse et le courage de renouer avec cette notion centrale d'une démocratie:
le conflit.
Assumons que les étudiants ont des intérêts qui leurs sont propres et que les administrateurs de nos facultés et de nos structures de soin ont aussi leurs propres intérêts.
Assumons qu'en de nombreuses occasions ces intérêts peuvent diverger, et que, dans ce cas, il nous faut nous mobiliser pour défendre nos droits et notre droit d'avoir des droits.
Enfin, pour ne pas plier et céder à la domination, même subtile et camouflée, nous devons nous organiser et équilibrer le rapport de force afin de permettre une saine négociation.
Mais qu'est-ce qui me permet, à moi, de vous dire que les étudiants en santé ne sont pas frileux mais sont au contraire impatients de s'engager et de mener leurs combats avec fougue?
Je m'appelle Alexandre Bonnabel, j'ai été quelques années étudiants en Médecine à la faculté de Grenoble, puis j'ai été quelques années étudiants en Master de Sociologie dans une autre faculté de Grenoble (une autre planète!). Mais j'ai surtout passé ces années d'étude à m'engager dans des associations, d'abord étudiantes, consacrées à la solidarité locale et internationale. J'ai finalement fait de cet engagement un métier et de l'animation de mobilisations étudiantes une spécialité.
Il se trouve que cette année universitaire 2011/2012, j'ai pris la route, en mission pour le réseau MEDSI, pour faire un Tour de France. Je n'ai plus de domicile, je passe ma vie chez les militants de nos associations d'étudiants en santé, deux semaines par ville, et je leur propose animations et formations. Et le reste de mon temps je fraye avec les milieux décroissants, désobéissants, anarchistes, syndicalistes... vous voyez le genre... Je suis déjà passé à ce jour par Brest, Nice, Marseille, Grenoble, Lyon, Besançon, Paris, Angers, Nantes, Limoges et Poitiers.
Pour revenir à mon propos, partout où je suis passé, (partout!) j'ai rencontré des étudiants, essentiellement en médecine, plein de rancoeur et de plainte. J'en ai rencontré qui dénonçaient leurs conditions de travail, faisant parfois état de situations de harcèlement, et d'autre qui fustigeaient la misère pédagogique des enseignements qu'on leur impose. Chose plus surprenante, j'ai trouvé chez la plupart de mes interlocuteurs une conscience aiguë de l'état de crise du système de santé, et un travail d'analyse et de réflexion très intense sur les moyens d'y remédier; à commencer par la réinvention de leurs études.
Et ces étudiants se mobilisent!
Très concrètement, j'ai pu participer à la création de sept collectifs et aux soutien d'une foule d'initiatives individuelles. Ces collectifs sont de formes diverses: tous manifestent leur envie de pluridisciplinarité ("collectif soignants/futur soignants") et s'investissent parfois intensément dans la conquête de cette dernière. Certains s'orientent sur la mise en place de systèmes de co-formation ou d'auto-formation en dehors de leur cursus, se reposant sur des mécaniques pédagogiques tirées de l'éducation populaire et de la démocratisation scientifique ("collectif de co-formation", université populaire). D'autre s'aventurent du coté de la contestation, de la revendication et de la défense du travailleur individuel ("syndicat de travailleurs étudiants le soin", soutien d'une revue satirique sur l'administration de la fac). La plupart se centrent sur un système de groupes de parole et/ou d'échange de pratiques réguliers, animés par les étudiants eux mêmes, formés à l'école de l'éducation populaire associative (Chers confrères! ).
Et ces collectifs ne font que commencer!
A cela, ajoutons les individus qui, seuls, se mobilisent à leur échelle pour créer ou contester. Et l'ensemble des étudiants qui, chacun à sa manière, Résistent à un système bien souvent absurde.
A cela ajoutons les collectifs étudiants déjà existants qui ont précédés cette nouvelle vague, certains depuis plusieurs années.
A cela ajoutons les associations étudiantes militantes dans la solidarité.
A cela ajoutons les quelques élus qui essayent de faire leur boulot et d'être du coté des travailleurs plutôt que d'accompagner les dirigeants...
Alors, vous qui me dites que les Etudiants en Santé sont "frileux"; cherchez ceux qui bougent et vous les trouverez!… ou débusquez la lâcheté en vous même et demandez vous pourquoi ça vous arrange bien de croire à ce mensonge défaitiste.
Bien sur, tout n'est pas rose.
Et il me faut souligner un fait qui est inquiétant.
Lorsque l'on parle mobilisation, il n'est pas rare du tout de faire face à de la Peur de la part des étudiants. Peur pour leur carrière, peur pour leurs notes, peur pour leurs stages (les choses ont bien changé en trente ans!). Cette peur, si elle est pour une grande part fantasmée (mais qui a répandu ce fantasme?) n'est pas infondée. Et c'est avec horreur, indignation, parfois rage, que j'ai été le témoins plus ou moins direct de comportements de censure et d'intimidation à l'encontre des étudiants, comportements d'administrateurs, ou même d'autres étudiants, que je ne peux que qualifier de totalitaire ou petit mafieux.
Il va nous falloir être bon et sérieusement nous défendre... et pourquoi pas devant des tribunaux...
Et revoir notre rapport à nos "représentants", à notre liberté d'entreprendre ensemble en petits groupes, et à notre droit d'interpeller nos camarades étudiants plus silencieux et de solliciter leur soutien et leur solidarité dans nos luttes

Alexandre Bonnabel

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